D’origine hollandaise, Henri Roorda (1870-1925) grandit en Suisse, dans le canton de Vaud, où son père, fonctionnaire en Indonésie, a trouvé refuge après avoir été révoqué pour ses positions anticolonialistes. Sur les rives du Léman, la famille se lie avec le géographe français et théoricien de l’anarchisme Élisée Reclus, qui aura une influence décisive sur le jeune Henri, tôt acquis aux idéaux libertaires et pacifistes. Son premier article, en 1898, doit beaucoup à Élisée Reclus, auteur en 1886 d’une brochure influente intitulée «L’avenir de nos enfants».
Après une licence en mathématiques, Roorda fait une carrière dans l’enseignement à Lausanne (dès 1905 au Gymnase cantonal), doublée d’une intense activité littéraire. Il est l’auteur de manuels de mathématiques, ainsi que d’articles et de pamphlets pédagogiques, dont Le pédagogue n’aime pas les enfants (1917). En 1910, il participe à la création de l’École Ferrer de Lausanne, petite école libertaire destinée aux enfants d’ouvriers, dont il écrit la «Déclaration de principes». Il donne des conférences à la Maison du Peuple, haut-lieu du socialisme vaudois, et livre des dizaines de chroniques aux grands quotidiens suisses (1917-1925).
Sous le pseudonyme de Balthasar, Roorda livre près de sept cents chroniques humoristiques dans la Tribune de Lausanne (1917-1919), la Gazette de Lausanne (1919-1925) et la Tribune de Genève (1923-1925), reprises partiellement en volume, et publie un drolatique Almanach Balthasar (1923-1926) et quatre pièces de théâtre.
Roorda met fin à ses jours dans sa cinquante-cinquième année, expliquant son geste dans Mon suicide (1926), un texte devenu culte, plusieurs fois réédité et traduit depuis sa publication posthume.