Signes des temps
Christophe Manon
Signes des temps est une expérience d’autobiographie collective. C’est-à-dire que la plupart des éléments convoqués sont susceptibles d’appartenir à chacune ou chacun d’entre nous, dans un mouvement qui, selon Georges Perec, « partant de soi, va vers les autres », et inversement. L’écriture ici tient du montage au sens cinématographique. Par contrastes déchirants, ou par troublantes affinités, le rapprochement d’énoncés appartenant à des registres différents – citations, expressions du quotidien, moments d’intime sensualité, souvenirs ou références à des circonstances historiques – a pour effet d’éveiller un sentiment d’insolite familiarité.
Ces brefs chapitres, qui sont autant de poèmes en prose, disent l’urgence du souvenir afin de conjurer l’apparente normalité du temps qui passe. S’y déploient en motifs obsessionnels la stupeur d’être au monde, la mort, l’amour, la toute-puissance du désir, la joie et le désarroi, la grandeur et les faiblesses du cœur humain, la détresse et l’espoir. Il en résulte un chant au rythme à la fois souple et irrégulier qui s’efforce au bout du compte de rendre justice à l’intensité des événements et de célébrer la grâce de vivre.