Temps divers ou le jardin varié des jours
Joël Roussiez
Les temps sont divers dans le jardin varié des jours comme y sont les humeurs… Cette œuvre comprend quarante proses, pour la plupart assez courtes, inspirées de moments musicaux divers : africains («Rujindiri»), indiens («Badi Motibai»), populaires («La ballade de Mosta»), ou de textes rencontrés («Le roi Marc», «Sous tant de cieux j’ai respiré tant de roses ! Hommage à Saadi»). Elles leur rendent hommage et déploient ainsi des thèmes et des humeurs aux couleurs variées. En préambule, l’auteur écrit: « J’ai emprunté à la musique, aux anecdotes et aux écrits des autres et de tous, comme il se doit à qui veut faire sa part dans la communauté des hommes et ceci contre une mode déplorable qui veut renier ce qui précède au profit de l’étroit présent ». Ainsi, en se dégageant du naturalisme ambiant, l’ensemble trouve son unité dans une sorte d’exotisme dont la densité lyrique de l’écriture intensifie l’impression affective autour d’existences flottantes…
«Il est utile, pour comprendre ce qui obsède Joël Roussiez, de méditer sur ce qu’il écrit, dans l’avant-propos de son Voyage biographique, de « l’utilisation d’une certaine écriture afin de prolonger des états, de les intensifier moins pour les clarifier que pour les vivre ». Il ajoute vouloir atteindre ainsi « la justesse – non la vérité – de l’émotion qui accompagne les états décrits« . (…) Cette écriture hantée par le désir d’effacement de son auteur existe-t-elle indépendamment d’un style qui le trahirait ? Il n’est qu’à lire à la suite ces récits, tout à la fois complexes et détachés, pour identifier un ton, un humour, un goût des jeux sonores, un phrasé profus, qui, mis ensemble, font entendre une voix reconnaissable, dont la puissance de suggestion est indéniable.» Chronique de Felix Mairot, dans La Quinzaine Littéraire.