Éditions Héros-Limite
case postale 266
CH-1211 Genève 8
editions@heros-limite.com

Martin Richet

Mon frère…, «La traduction, cet art consommé de la lecture, me semble le plus près qu’une personne lisant puisse s’approcher d’où l’on s’est soi-même trouvé, tout le reste oublié, les mots seuls à même de mener. Lisant les lectures que Martin Richet a faites de mes textes, je sens que nous nous reconnaissons l’un l’autre par eux, qu’il sait ce que je sais, et vice-versa. Certes, je parle finalement très peu le français et le lis avec moins d’autorité encore, je sais pourtant, je peux pourtant reconnaître, par l’inexplicable “saveur” du passage, que j’ai été trouvé, que nous marchons sur le même sol, quels que soient les moyens que nous trouvons pour le dire. Qu’un autre écrivain parodie les formes qu’il m’a été donné d’employer ne m’intéresse pas – au mieux celles-ci sont des instruments servant des préoccupations possiblement très différentes. W. C. Williams le dit, “le poète pense avec son poème, en cela réside sa pensée, etc.” Là encore, qu’on mimique, disons, mon ‘penser’ n’a pour moi aucun intérêt – mais je suis fasciné quand quelqu’un trouve la pensée même. Ainsi, Martin Richet – dont la lecture et l’écriture ont fait une place pour nous tous, vaste, singulière et véritablement la sienne. Il n’y aurait jamais eu Le Corbeau, le “Raven” français de Poe, sans Mallarmé. Martin Richet me donne le plaisir, et l’honneur, d’une transformation similaire – en français. Robert Creeley Providence, Rhode Island 27 février 2004