Éditions Héros-Limite
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CH-1211 Genève 8
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2012
256 pages 115 x 180 mm ISBN 978-2-940358-92-2 13.00 18.20 CHF Disponible pdf couverture

Écrits sociaux

Élisée Reclus

Écrits sociaux rassemble les écrits qu’Élisée Reclus a consacrés à l’anarchie entre 1851 et 1904. Ils paraissent en français pour la première fois, remplissant un vide étonnant. Cette anthologie a été constituée par un jeune anarchiste italien, émigré en Argentine dans les années 1920 : Severino Di Giovanni. Di Giovanni est un passionné de Reclus, il a en tête en ce début janvier 1930 de fêter le centenaire de la naissance du géographe-anarchiste en publiant ses œuvres complètes. Nul ouvrage posthume d’Élisée Reclus n’avait jusqu’alors – et depuis – réuni ses écrits anarchistes.

Formé très jeune à l’art de la typographie, Severino Di Giovanni. Di Giovanni rêve d’une imprimerie qui lui permettrait de publier revue, pamphlets et livres libertaires. Le problème est qu’il est sans le sou. La solution : l’attaque à main armée, «l’expropriation » au sens anarchiste du mot. Il faut dire que le bonhomme n’en est pas à son coup d’essai. Marianne Enckell* nous rappelle ses hauts faits : « il fait sauter une banque après l’assassinat de Sacco et Vanzetti en 1927, puis le consulat italien de Buenos Aires quelques mois plus tard, et tant pis pour les victimes.»

Le premier volume d’Écrits sociaux sera ainsi «payé» par l’attaque à main armée du 20 juin 1930 ; lui et ses compères vident la caisse de la station de bus La Central. La police est désormais sur les dents, Di Giovanni se cache. Le coup d’État militaire du 6 septembre amène une répression accrue sur les milieux anarchistes, pourtant courant septembre le premier volume sort à 2000 exemplaires : typo soignée, lettrines et culs-de-lampe élégants, portraits et fac-similés, tirage de tête généreusement distribué aux amis.

Janvier 1931, toutes les imprimeries de la ville sont surveillées par la police. Le 30 janvier, Di Giovanni finit de corriger les épreuves du second volume. Les avertissements de ses amis n’y changent rien, il ira les porter en main propre à l’imprimeur, Genaro Bontempo. On le reconnaît dans la rue. La police, après une folle course-poursuite, l’arrête. Jugé le lendemain de son arrestation, il est fusillé le 1er février. Il n’avait pas trente ans.

* Marianne Enckell, « Des histoires édifiantes : encore le prix du livre », Le Courrier, 20 juin 2012.

Édition établie par Alexandre Chollier et Federico Ferretti