L’Ours Blanc no 27 – Ombres blanches sur fond presque blanc
Baptiste Gaillard
Les récits que Baptistes Gaillard développe de livre en livre décrivent des scènes sans personnages, dans lesquelles seuls des processus anonymes adviennent : germination, pourrissement, mouvement des fluides, expansions, délitements. La blancheur du titre de ce nouveau texte fait songer à l’aveuglement qui précède l’évanouissement. Les phénomènes étudiés dans ce long poème sont situés à la limite du discernable. Quasi inaudibles, à peine visibles, furtifs, évanescents, ils se succèdent en s’annulant. Rien ne semble en résulter qu’un devenir incertain, dont la finalité reste indéchiffrable.
Ainsi Ombres blanches… ajoute-t-il un chapitre d’allure fantomatique à la description d’un monde insaisissable car livré à une incessante métamorphose. Le tour de force auquel se livre Baptiste Gaillard tient à sa capacité à faire exister ce monde tout en évitant soigneusement de le définir. Parvenant à suivre dans leurs plus subtiles nuances des phénomènes imperceptibles, l’auteur déploie, avec ce nouveau texte, toute la virtuosité dont est capable son écriture poétique.
Baptiste Gaillard est écrivain et plasticien. En 2018, il a reçu le Prix suisse de littérature.